jeudi 19 février 2015

La Grèce et l'euro. A propos des dernières déclaration de Valéry Giscard d'Estaing



La Grèce et l'euro.

À propos des dernières déclarations de Valéry Giscard d'Estaing

Par Cochin




Une déclaration importante

   L'ancien président de la République Valéry Giscard d'Estaing vient de prendre position dans Les Echos d'aujourd'hui en faveur d'une sortie de la Grèce de la zone Euro. Parce qu'elle émane du rédacteur de feu le projet de constitution pour l'Europe, viscéralement attaché à la construction européenne telle qu'elle se fait actuellement, l'importance d'une telle prise de position ne doit pas être négligée.
   Elle montre en effet que les prêtres les plus fervents dans le culte du veau d'or européen commencent à douter des pouvoirs bienfaisants de leur idole. Elle témoigne surtout (pour qui en doutait encore) qu'une sortie de la zone euro ne plongerait pas le pays qui s'y engagerait dans le chaos que prédisent certains mais pourrait au contraire être la première étape d'un renouveau.
   Comme le note fort justement l'ancien président de la République (qui n'a pas pourtant toujours fait preuve au sujet des affaires européennes d'une telle lucidité d'esprit), « la question fondamentale est de savoir si l’économie grecque peut repartir et prospérer avec une monnaie aussi forte que l’euro. La réponse est clairement négative . […] La proposition implicite du nouveau gouvernement grec suppose une dévaluation de la monnaie. Tout simplement parce que le programme sur lequel il a été élu est irréalisable avec une monnaie forte ».

Ce qui rend nécessaire la sortie de la Grèce de la zone Euro

   Deux éléments sont à retenir dans cette analyse.
   Le premier, c'est la question du cours de l'euro par rapport aux autres monnaies de la planète. Pour l'économie grecque (comme pour celle de notre pays), l'euro est une monnaie beaucoup trop chère, ce qui pèse lourdement sur le commerce extérieur. Il pénalise ainsi les exportations et favorise les importations, ce qui entraîne mécaniquement la montée du chômage, en lien avec la fermeture de certaines entreprises, devenues moins compétitives (non pas à cause de droits sociaux qui seraient trop importants, comme le clament en choeur les néolibéraux, mais parce que la monnaie que ces mêmes néolibéraux portent aux nues est trop forte).
   Le second élément à retenir est que la Grèce (et, là encore, on pourrait dire la même chose de la France) a également besoin de dévaluer sa monnaie par rapport à celle de ses actuels partenaires européens, ce que la monnaie unique rend bien évidemment impossible. Et, faute d'une dévaluation, l'économie grecque est condamnée, pour ne pas être laminée par les économies du Nord de l'Europe, dont la productivité est bien supérieure, à la déflation salariale, c'est-à-dire à la baisse des salaires, et notamment des plus faibles d'entre eux.
   Tant que la monnaie unique survivra, seule la destruction des législations sociales pourra permettre de maintenir la compétitivité des pays de l'Europe méditerranéenne. Pour cette raison, la monnaie unique doit être démantelée (et, à ce titre, le passage à une monnaie commune ayant des déclinaisons nationales permettrait de conserver la plupart des intérêts de l'euro actuel tout en en faisant disparaître les inconvénients).
   Il existe bien une seconde possibilité pour réduire l'écart entre l'Europe du Nord et l'Europe méditerranéenne : ce serait la mise en place d'une Europe sociale, où les pays les plus riches, se découvrant tout à coup une âme généreuse, consentiraient à relever chez eux les salaires et même à transférer une partie de leurs richesses vers les pays les plus pauvres. Mais qui, en dehors d'un de ces militants candides (ou, parfois même, simplement hypocrites) dont regorgent le PS et EELV, peut encore croire à de tels contes pour enfants ?

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Les commentaires sont contrôlés a posteriori. Tout commentaire contraire à la loi sera supprimé.