mercredi 18 février 2015

Quelques mots sur le recours au 49-3

Quelques mots sur le recours au 49-3


Par Cochin






  Faute d'une majorité certaine pour voter le projet de loi présenté par Emmanuel Macron et dans le but d'éviter la grave crise politique qu'aurait inévitablement entraîné un rejet du texte par les députés, le gouvernement a annoncé hier qu'il recourait à l'article 49-3 de la constitution, qui lui permet de faire passer un projet de loi sans que celui-ci ait été voté par les députés. Le seul moyen pour ces derniers de s'opposer à ce texte est désormais le vote d'une motion de censure à la majorité absolue, ce qui amènerait très certainement le président de la République à dissoudre l'Assemblée nationale.
  Passons sur l'amusement que provoque le recours à un tel procédé, que François Hollande dénonçait lui-même en 2006 comme « un déni de démocratie » et venons-en à l'essentiel. Loin d'être un déni de démocratie, ce recours au 49-3 est l'occasion pour chacun de clarifier son positionnement politique et permettra donc aux citoyens de connaître, au-delà des seules postures rhétoriques, les opinions de chaque député. Parce que les conséquences d'un vote de censure seraient particulièrement importantes, celui-ci permet de distinguer les véritables opposants à la politique gouvernementale des pseudo « frondeurs », qui ne sont prêts à contester la politique néolibérale du premier ministre et de son ministre de l'économie qu'à condition toutefois de ne pas avoir à trop hausser le ton et surtout de ne courir aucun risque.
  Le vote de la motion de censure permettra de séparer le bon grain de l'ivraie des députés prêts à toutes les compromissions pour conserver leur siège (pour deux ans seulement, car nombre d'entre eux seront balayés aux prochaines élections). Les choses sont claires pour qui dénonce la politique promue par Emmanuel Macron et largement commandée par Bruxelles : il faut voter en faveur du renversement du gouvernement. Et qu'importe que l'UMP (fort hypocrite, puisque l'on sait bien qu'elle approuve en réalité une bonne partie des composantes de la loi) soit à l'origine du dépôt d'une telle motion. Les arguments des socialistes appelant à ne pas « voter avec la droite » ne visent en réalité qu'à maintenir l'unité d'une gauche qui n'en n'a plus depuis longtemps.
  En effet, devant la réalité des faits, devant la politique menée depuis 2012 par le parti socialiste au pouvoir, il apparaît bel et bien que le clivage gauche/droite est devenu une mystification tout juste bonne à garantir aux socialistes lors du second tour de chaque élection le report des voix des électeurs des autres partis « de gauche ». L'union de la gauche, aujourd'hui, ce n'est jamais que l'autre nom de la soumission en dernier recours de l'ensemble de la gauche aux dogmes néolibéraux de l'aile la moins sociale du parti socialiste.
  C'est avec cela qu'il faut rompre et, pour cette raison, la motion de censure doit être votée.

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